Le gypaète barbu

(Gypaetus Barbatus)

Le Gypaète barbu niche dans les cavités de hautes falaises, sur des corniches protégées par un surplomb des intempéries. Un couple a souvent plusieurs aires de nidification. Leur nid se compose de branchages et de débris, et l'intérieur est garni de plumes, d'herbes sèches, d'os, de sabots, de laine et de poils d'origine animale...
Les couples ont du mal à se former, mais c'est pour la vie !


Aquarelle dessinée par Sébastien Brumont


Photo prise par Patrick Rayot (cirque de Troumouse, Hautes-Pyrénées en 2009)

La femelle va pondre 2 œufs entre décembre et février, mais seul un poussin sera élevé comme chez les grands aigles.
En effet, les deux œufs sont pondus à 3 ou 5 jours d'intervalle. L'aîné, plus fort, va s'accaparer toute la nourriture, si bien que le plus jeune ne pourra pas grandir, et sera jeté hors du nid par son frère, ou pire encore, si l'aîné a un petit creux, il n'hésitera pas à dévorer son petit frère, c'est le "caïnisme".
Vous allez me dire : pourquoi pondre 2 œufs alors ? C'est au cas où le premier n'arriverait pas à éclosion ou bien le deuxième œuf sert de réserve alimentaire au poussin.
Les deux parents vont se partager l'incubation pendant 53 à 60 jours. Le poussin cassera seul sa coquille pendant 24 heures environ. Les parents vont nourrir le poussin d'aliments apportés ou régurgités pendant 107 à 111 jours. A cette période les parents n'ont aucun mal à nourrir le poussin, la fonte des neiges faisant apparaître des cadavres d'animaux morts pendant l'hiver. Les parents doivent se relayer sans cesse pendant les 2 premiers mois pour réchauffer le poussin qui n'a pas encore de régulation thermique. Ils le nourrissent 10 fois par jour.
A l'âge de 4 mois, le jeune s'envole pour la première fois, puis il apprend à se nourrir seul. Lorsque à l'automne, ses parents lui feront comprendre qu'il n'est plus le bienvenu sur l'aire, il partira.
En moyenne, un couple donne naissance à un poussin tous les 2 ans.

Le Gypaète barbu avait complètement disparu des Alpes. Au début du XXème siècle, il ne restait que quelques individus isolés.
Aussi, lorsque au zoo d'Innsbruck (Autriche), un couple de Gypaètes s'est formé et surtout s'est reproduit, un programme de réintroduction a été entrepris.
La femelle effectuant une ponte de remplacement lorsque les œufs disparaissent au début de l'incubation, les vrais œufs ont été placés dans des incubateurs, pendant que plusieurs parents couvaient des œufs en plâtre dans plusieurs sites en Europe.
Les poussins ont été nourris pendant une semaine par l'homme, car c'est dans cette période qu'il est le plus vulnérable. Mais pour ne pas habituer les poussins à l'homme, ils ont été replacés dans des nids et confiés à des parents adoptifs. C'est un moment délicat car le poussin peut être rejeté.
Mais les rapaces sont incapables de reconnaître leur propre progéniture. Ils prennent soin des poussins qui se tiennent dans leur aire "sans se poser de questions", c'est une des clé de la réussite de tous les programmes de réintroduction.
A l'âge de 3 mois, les jeunes, capables de se nourrir seuls, ont été libérés sur une aire de nidification dans les Alpes après avoir été marqués (décoloration des rectrices ou des rémiges primaires ou secondaires).
Approvisionnés pendant la nuit, les jeunes devaient s'habituer à leur nouvel environnement avant de prendre leur envol.
A l'âge de 117 à 126 jours, ils quittèrent le nid un à un. A 6 mois ils cherchaient eux-mêmes leur nourriture.
Depuis 1986,114 Gypaètes ont été réintroduit dans les Alpes françaises et italiennes, en Autriche et en Haute-Savoie, 18 d'entre-eux sont morts ou ont disparût. Aujourd'hui en 2009, 130 gypaètes volent au dessus des Alpes, démontrant ainsi la réussite de ce programme.

Marionnette nourissant le poussin gypaète, afin qu'il n'ait pas de contact avec l'homme en captivité

Oeuf de gypaète barbu

 

 

Au printemps 2001, seuls 135 couples subsistent en Europe. Parmi eux, 37 résident en France dont 10 en Corse,2 dans les Alpes et 25 dans les pyrénées. 8 poussins sont nés cette année en France.
En crête, 4 couples ont niché en 2001.

Pour conclure, et les chiffres parlent d'eux-même (25 % des couples pyrénéens se reproduisent, et seulement 33 % de jeunes gypaètes parviennent à s'envoler), le bilan 2001 reste assez décevant dans les pyrénéees française.
En 2002, la tendance s'est inversée, la productivité est de 45 %, de nouveaux couples se sont installés dans les pyrénées orientales et en Ariège. Pour la première fois un jeune a été elevé à 2400m d'altitude en Ariège.

Mais 2001 et 2002 demeureront marquées par l'affaire "lindane". Cet insecticide est à l'origine de la mort d'une centaine d'isards dans le massif du Bazès dans les Hautes-pyrénées. Les gypaètes et autres nécrophages ont été à leur tour intoxiqués, ainsi que les brebis (le lait de brebis a été interdit à la vente jusqu'en octobre 2001). Sur ce massif, vit un couple de gypaète qui n'a pas été aperçu en 2002, l'inquiètude est donc grande.
Revenons quelques lignes sur le lindane. Interdit en France depuis 1998, cet insecticide se fixe dans les graisses des animaux, et en période de stress ou de jeûne les intoxiquent. Même si le lindane n'est pas encore interdit en Espagne, ces empoisonnement se cantonnent uniquement sur le versant français des pyrénées.

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